Le baptême (dénabö, en konianké ; den : l’enfant) est une cérémonie qui a lieu au septième jour de l’enfant. On donne publiquement un nom à l’enfant à travers l’imam. Les parents se concertent auparavant pour choisir un nom en référence à un membre de l’entourage ou bien un aïeul. Les deux homonymes deviennent aussitôt membres de la famille de l’un et de l’autre, de manière réciproque. Cet hommage peut ainsi être utilisé comme acte de réconciliation entre deux familles, entre deux personnes, ou entre deux communautés.

La nuit du sixième jour, l’imam est informé pour qu’il diffuse l’information le lendemain à la mosquée. Le septième jour au matin, le village se réunit dans la famille du nouveau-né. Les parents font le pain blanc, à base de riz, que les voisines viennent piler très tôt le matin. Ils cherchent aussi un mouton si c’est une fille, deux moutons si c’est un garçon, selon les préceptes de la religion. Lorsque la communauté se réunit, ce sont les femmes qui amènent le nouveau-né et sa mère, et ils vont s’assoir sur une natte placée entre le groupe des hommes et le groupe des femmes. Au fur et à mesure de l’arrivée des gens, les oncles réclament 500F guinéens ou 1000F guinéens, selon les capacités de chacun, pour appuyer les jeunes parents.

La parole est donnée à l’imam, il prêche et rappelle les devoirs du père envers l’enfant qui vient de naître. Le père a déjà donné discrètement le nom à l’imam, qui dit ensuite devant l’assemblée : « Nous vous avons pris à témoins, les djinns qui nous entourent également sont pris à témoins, pour que l’enfant soit désormais appelé … » et le nom de l’enfant est ainsi rendu public, ainsi que celui de l’homonyme à qui il est fait référence. Les femmes dansent de joie et chantent à ce moment-là.

Le mouton est ensuite égorgé et la viande est distribuée parmi les membres de la communauté avec le pain blanc. Une partie est donnée aux hommes, une autre aux femmes.

Konianké :

Den nabö kèla den télé woronvla na lon né. Den tilou loulé so almamy la loni yala. Almamy lé bè la loniyala den nabö ko la söma. So mö bèladèni néna denty ibara. Signö mousso iléna dè soussou soubama, kakè gboutourou ilö. Mö bèladèni köfè, almamy lé salatou don, ka kabanilikè den hakè ikan ; wa sôron nalé baden iyé kèmè lolou-lolou, wakélén kélén na dènna, ka denty lou boro magbèn. Almamy lé den tô bla atoro lô. Ilé dè lô tara damina any sâa sobo. Sâa kélen né foala ni den moussolé, sâa fla lé foala ni den tchè lé. Mousso ilé iya don damina.

La petite Mariame et sa mère Fatoumata Doumbaya sont assises sur une natte entre les hommes et les femmes

La vidéo montre le baptême de Mariame Camara, fille d’Ansoumane Camara et de Fatoumata Doumbouya. Les femmes chantent une chanson appelée Denko (que l’on peut traduire en français par « le problème d’enfant, l’affaire d’enfant, le désir d’enfant » ou plus généralement « ce qui concerne l’enfant ») :

Den ko le na nabôla bona

Denko

Nou mousso lou ma kogbèrèlon fo denko

Den ko le na nabôla bona

Den tônô kabon

Den ko le na nabôla bona

Nou sini denko léma

Den ko le na nabôla bona

C’est le problème d’enfant qui m’a fait sortir de chez moi

Le problème d’enfant

Nous les femmes, nous ne connaissons que le problème d’enfant

C’est le problème d’enfant qui m’a fait sortir de chez moi

L’intérêt de l’enfant est grand

C’est le problème d’enfant qui m’a fait sortir de chez moi

Nous, nous sommes assis pour la cause de nos enfants

C’est le problème d’enfant qui m’a fait sortir de chez moi

Une autre chanson s’appelle Tomanti (« l’homonyme dont l’enfant porte le nom », « le propriétaire du nom de l’enfant ») :

Nou lény

Tôman tylou tôman

Noulé tôlany

Tôman tylou tôman

Noulény

Tôman tylou tôman

Tô ko ariyè lélé

Tôman tylou tôman

C’est nous, ça

Le propriétaire du nom de l’enfant

C’est nous, ça

Le propriétaire du nom de l’enfant

C’est nous, ça

Le propriétaire du nom de l’enfant

Avoir un enfant est une chance

Le propriétaire du nom de l’enfant


Par Ansoumane Camara et Fatoumata Doumbouya

Auteurs/autrices

  • Je suis Ansoumane Camara, 32 ans, membre de l’association culturelle Donkosira. Je réside à Damaro, en République de Guinée Conakry. Je suis diplômé en administration, mais au chômage.

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  • Je suis Mariam Camara, déléguée villageoise de Damaro (Guinée) au compte du projet « Watigueleya kèlê » de Donkosira. J’ai 23 ans et je suis élève en classe de 10ème Année.

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