La fabrication et la signification des tissus à Bouillagui (Mali), Damaro (Guinée) et à Agnack (Sénégal)

Waly, La fabrication des couleurs pour la cotonnade

La tenture est une activité de femmes. Voici les éléments constitutifs de l’encre utilisés pour teindre les tissus.

Pour le bleu clair, on prend de la cendre du baobab ou de l’arbre qu’on appelle généralement en langue soninke le deyee, et on ajoute le khamee appelé généralement l’acoustique, plus de l’eau bouillante dans un récipient. Il faut ensuite poser sur le feu et on ajoute alors le gara appelé généralement indigo végétal que les femmes cultivent.

La couleur noire appelée généralement polomane : on obtient la couleur noire à partir de la même cendre du baobab ou l’arbre du deyee, et on ajoute le khamee appelé en général l’acoustique. On mélange une quantité de charbon pilé dans un mortier, pour bien noircir le tissu.

La couleur rouge est obtenue à partir des mêmes cendres du baobab, ajouté au khamé, appelé en général l’acoustique, ou l’arbre du déyé qui donne de la couleur rouge au tissu en le chauffant dans un récipient au feu.

Une photo de waly plus tard—

Le lempé (Bouyagui, Waly)

Photo de limper par waly plusieurs couleurs

C’est un habit porté par les jeunes femmes en bas âge. Il est fabriqué à partir de coton qu’on imbibe dans la teinture appelée généralement en langue soninké gara. Elle donne la couleur rouge, orange et noire. Le lempé est un assemblage de tissus différents fabriqués par des vieilles femmes à l’aide d’un métier à tisser. La forme est celle d’une large jupe ouverte sur les côtés. Les jeunes femmes n’ont pas le droit de porter un pagne entier avant qu’elles n’aient atteint l’âge de 15 ans.

Le daliba ou könölö wronfla (Damaro, Guinée) Ansoumane

La fabrication

Le daliba est fabriqué par les tisserands à l’aide de coton sur le métier à tisser actionné par le pied et la main. Le coton est récolté, trié et cardé ensuite pour en faire des fils. Ces fils sont tissés ensuite de manière transversale pour en faire des chemises à manches courtes ou bien des chemises sans manches à larges ouvertures sous les bras, qui sont de couleur blanche comme la cendre. Pour les rendre plus belles, on peut les teindre de différentes couleurs, en imbibant les fils (avant de le tisser) dans des solutions colorantes obtenues avec des feuilles ou des écorces de plantes naturelles.

L’utilisation

Cet habit est sacré :

  • On le porte parce que les démons l’ont demandé ;
  • Il est porté parce qu’il peut protéger contre le mauvais sort après que l’on ait lu des talismans sur le tissu
  • Il peut aussi être porté parce que l’on est chasseur ou un féticheur aguerri. Ceux qui le portent alors qu’ils ne le devraient pas parce qu’ils ne sont pas assez matures, il est testé par la communauté pour prouver sa bravoure.
  • Les fonctionnaires ici peuvent le porter en sous-vêtements, sous leur costume, pour se protéger des mauvais sorts ou bien des ennemis dans leur travail.
  • Une photo plus tard avec ansoumane

Hatend – GENRE DE TISSUS TRADITIONNELS A AGNACK (Alpha Mané)

A Agnack-petit et Agnack-grand le pagne traditionnel le plus courant est fait de bandes de cotonnades produit par les tisserands et appelé « hatënd ». Ces artisans nous viennent souvent de la Guinée Bissau et produisent ces bandes de cotonnades sur des métiers à tisser. Ces bandes de cotonnades sont ensuite coupées et reliées entre elles pour en faire des pagnes qui seront ensuite teints en noir. La technique de teinture peut être traditionnelle avec des écorces d’arbres, ou moderne avec de l’indigo.

Les pagnes sont portés lors des cérémonies dites « buxup » chez les hommes et « buñic » chez les femmes.

Façon de porter ces pagnes noirs chez les femmes :

L’accoutrement se compose toujours de deux pagnes, porté l’un autour de la taille et l’autre à hauteur des seins autour de la poitrine.

Chez les hommes, l’un des pagnes est ouvert en son centre et passé autour du cou et le second porté autour de la taille comme chez les femmes.

Photo plus tard avec Frederieck—

Le tape – Diangou Diakité (Bouyagui)

TAPE : Une boubou de cotonnade chez les soninkés

Fabrication : On prépare d’abord le bain à l’indigo à base des feuilles d’une plante appellée en soninké « Gala yite » et avec de la cendre, l’hydrosulfate (kidi Hâmé, en soninké). On le verse dans un canari pour la conserver pendant deux ou trois jours, et ensuite on met le tissu de cotonnade dans le canari du bain à l’indigo après avoir cousu certaines parties pour conserver le décor qui est caché. Au bout de quelques minutes, on enlève le tissu pour le laver et le sécher sous le soleil : les parties qui étaient cousues n’ont pas pris la teinture et restent donc blanches. C’est ce tissu bleu très foncé et blanc qui est appelé le tape.

Utilité : il est utilisé généralement pendant les cérémonies de mariage telles que la dot, et il est porté aussi par certains chefs traditionnels.


Photo envoyer plus tard waly—

 

 

 

Auteurs/autrices

  • Je m’appelle Waly Traoré, je suis née le 4 octobre 1977. Je viens du village de Bouillagui dans la région de Kayes (Mali), commune rurale de Guidimakha Kerrikaffo. Je suis enseignant généraliste, j’enseigne la cinquième année à l’école fondamentale de Bouillagui.

    Voir toutes les publications
  • Né vers 1998, je viens de la première région du Mali (Kayes). Mon village s’appelle Banzana. Je fais un BT2 en électromécanique.

    Voir toutes les publications
  • Je suis Ansoumane Camara, 32 ans, membre de l’association culturelle Donkosira. Je réside à Damaro, en République de Guinée Conakry. Je suis diplômé en administration, mais au chômage.

    Voir toutes les publications
  • J’habite Agnack Petit, un village au sud du Sénégal. J’ai travaillé dans le développement rural en tant qu’agent. J’ai aussi travaillé avec Prof. Friederike Lüpke de la SOAS de Londres pour trois projets différents qui traitent du pluriilinguisme dans la sous-région.

    Voir toutes les publications
  • Je m’appelle Diangou Diakité, je viens de Bouillagui (Mali). J’ai 23 ans. J’ai cinq enfants. Je suis conseillère municipale à la mairie de Guidimakha Kerrikaffo. Je fais partie de l’association des femmes de l’ADEMA-PASJ (Alliance pour la démocratie au Mali – Partie africain pour la solidarité et la justice) pour plaider la cause des femmes au sein de la commune.

    Voir toutes les publications