“Au Mali ( Région de Kayes, village de Banzana), je me souviens quand j’étais enfant on commençait à semer le 25ème jour du mois de Mai pour assurer une bonne saison et les récoltes étaient le plus souvent bonnes. Mais de nos jours, l’hivernage commence de plus en plus tard, c’était encore le cas cette année on a commencé à semer en juillet- Août. Donc s’il ne pleut pas assez il sera difficile de pouvoir faire une bonne récolte. À l’époque nous observions aussi le passage des cigognes. Elles venaient pour déposer leurs nids le 5ème mois de l’année et repartaient pour revenir un ou deux mois plus tard. Pour nous c’était le signal du début de l’hivernage la pluie arrivait et nous commencions à travailler les champs. Les cigognes sont là! L’hivernage à commencé ! Cigognes, venez dans mon champ!.
Aujourd’hui on dit qu’aucune semence ne pousse correctement sans ces engrais chimiques. Avant on se limitait aux fumiers organiques, mais aujourd’hui, on a recours à ces produits en pensant que c’est indispensable pour une bonne récolte. Mais depuis quelques années, nous observons que les feuilles des tomates rougissent rapidement après leur apparition, c’est pareil avec le Gombo. En fait c’est pareil pour tous les fruits et légumes. Pour les engrais, nous utilisons autant le chimique que le naturel.
Ces engrais rejoignent aussi nos rivières qui sont déjà polluées par les eaux de nos lessives, cette situation provoque le manque de poissons. Nous sommes tous responsables de ce qui se passe parce que nous utilisons trop de bois dans nos cuisines, nous utilisons peu de foyers améliorés alors que c’est une des solutions pour éviter la coupe abusive de bois nous continuons d’utiliser du charbon également, cela reste la principale source de revenus ici. Mais si nous avions d’autres alternatives, nous pourrions faire autrement !
Les arbres sont de plus en plus loin du village, sans les arbres il n’y a plus de barrières contre le vent, les inondations ou l’ensablement. Avant le sable restait sur les sommets des collines, mais à cause de la déforestation le sable nous envahit progressivement. Les arbres entouraient nos zones de cultures et d’habitations,ils nous protégeaient, nous nourrissaient et nous guérissaient, ça évitait les catastrophes.
Avec le service des eaux et forêts, nous nous sommes mis d’accord pour arrêter la coupe des arbres. C’est la seule solution que nous avons trouvé pour le moment. Même pour aller ramasser des bois morts en brousse, il faut une attestation délivrée par ce service. Ils font souvent des patrouilles pour veiller au respect de ces mesures. Il n’y a plus d’arbres à Banzana, il faut parcourir plusieurs kilomètres pour voir des arbres ! Pour la cuisine nous achetons soit du bois soit des sacs de charbon. »
Photo: Sidibé Bourama, paysan de Banzana, devant une récolte de Sorgho avant le décorticage.
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